Histoires

Une histoire, un conte de Marie Antoinette Venet.



Une histoire au près du feu


Il était une fois,

Malgré la fatigue, nos jeunes amis, épuisés, marchaient vaillamment.

Ludovic, qui n’était pas habitué à ce genre d’exercice, n’en pouvait plus ; ce fut Anselme qui le jucha sur son dos.

Notre petite troupe arriva au village juste quand sonnait l’angélus au clocher. Pierre dit alors

“Venez à la Cure, un prêtre nous aidera. ” Ce qui fut fait prestement.

Le prêtre écouta attentivement leur histoire, les mains jointes, la tête penchée et il leur dit : “Vous resterez ici jusqu’à demain ! Je vous cacherai dans une pièce qui possède un passage secret, au cas où des fouilles soient entreprises par vos ravisseurs. De ce passage, vous pouvez vous retrouver tout près de la ville de Grenoble. “

“Merci, mon Père.” Répondit Pierre, “vous nous sauvez la vie.”

Après les avoir restaurés assez copieusement, ils gagnèrent la chambre indiquée, au fond d’un jardin, toute nimbée d’une lumière dorée.

Ludovic n’en croyait pas ses yeux. Tout d’abord éblouis par la trop grande lumière du jour, n’étant habitué que de lumière de torches de feux de bois et d’ombre, ses yeux ne pouvaient supporter, mais, peu à peu, ils s’habituaient.

Bien vite, ils s’organisèrent. Le prêtre leur montra le passage dissimulé derrière la Bretagne, petit meuble attenant à la grande cheminée où quelques bûches finissaient de consumer.

“Bonsoir ! les enfants. Je ferme les volets. Excuse-moi, Ludovic, toi qui aimes déjà tant la lumière et le soleil, mais il faut être prudent. Au moindre bruit, disparaissez dans le passage. N’oubliez pas de ramener derrière vous le battant de la Bretagne.

Voici une lettre pour le Père Labriouse. Il vous prendra sous sa protection.

Je vous bénis et que Dieu vous garde. “

Pierre s’était agenouillé avec sa sœur Claudine, les deux autres en firent autant.

Quelques heures après, on entendit des voix, des cris. ” Vite ” dit Anselme, ” partons ” et ils empruntèrent le passage secret. Munis de la torche, ils descendirent les escaliers de pierre et aboutissant dans un couloir humide et sombre, ils marchèrent un assez long moment et, peu à peu, une petite lumière apparut tout au fond.

Ils débouchèrent dans un taillis, d’où ils sortirent sans trop de mal, et se dirigèrent vers la ville proche.

La première église qui se trouva dans la petite rue où ils s’engagèrent leur parut accueillante et ils rentrèrent. Pierre se recueillit, remerciant Dieu de les avoir aidés. Au bout d’un moment, un prêtre rentra.

Pierre, poliment, s’approcha de lui et demanda le Père Labriouse.

“C’est moi” répondit celui-ci. ” J’ai une lettre pour vous. “

Le prêtre la lut et, au fur et à mesure, qu’il en prenait connaissance, il regardait les enfants l’un après l’autre.

“Je présume que c’est toi, Pierre ? ” “Oui”

” Et Claudine ” montrant la petite sœur. ” Toi, c’est Ludovic, et voilà Anselme.

Venez avec moi. Le prêtre Champa vous a confié à moi, je vais m’occuper de vous. “

Tout près de l’église se trouvait le presbytère, où ils furent priés de rentrer.

Une vieille servante arriva et le prêtre lui dit :

“Mélanie, donnez donc un déjeuner à mes jeunes amis. Je vous laisse aux bons soins de Mélanie. Je reviendrai un peu plus tard. “

Ils mangèrent de fort bon appétit le déjeuner et Mélanie leur dit : “Voulez-vous aller un peu au jardin en attendant Frère Champa.”

“Oh oui ! “s’exclama en premier Ludovic, qui ne se lassait pas d’admirer toutes les merveilles de la nature.

Frère Champa s’activa à s’occuper d’eux le plus rapidement possible, après les avoir interrogés sur ce qu’ils pensaient faire de leur avenir, Pierre aimait l’étude, les livres. Pour lui, il faudrait une bonne école, pour Claudine aussi.

Ludovic était avide de tout connaître. Pour lui aussi, l’école. Pierre lui avait déjà beaucoup appris, il fallait continuer dans ce sens.

Ludovic voulait être gendarme pour essayer de convertir les voleurs. Il pensait à son père et ne pouvait le condamner. L’ayant confié au prêtre, celui-ci lui dit : “Tu as raison, Ludovic, ta disparition est déjà pour lui sa première punition.”


Ainsi fut fait selon la volonté des enfants et avec les prêtres qui, par leurs connaissances et leurs possibilités, mirent tous ces projets à exécution.

Anselme fut aidé aussi et on lui trouva un travail comme jardinier, dans une propriété. Les enfants lui rendaient souvent visite et c’était une grande joie pour tous.

Les brigands furent arrêtés et jugés. Le père de Ludovic, repenti, sortit assez vite de prison. Il rendit l’or volé et devint, ainsi que ses congénères, de bons citoyens. Sa joie fut de retrouver son fils.

La vieille Gertrude, placée dans une bonne maison de retraite, retrouva un peu la santé.

Les années passèrent. Les enfants étaient devenus de beaux jeunes hommes et Claudine, une merveilleuse jeune fille. Ludovic l’aimait depuis longtemps, mais n’osait pas se l’avouer, et Claudine aussi aimait Ludovic.

Ce fut Pierre qui, ayant compris leur secret, les amena à se déclarer leur amour.

Ils se marièrent. Ludovic était devenu un très bon ouvrier serrurier et Claudine une parfaite ménagère.

Quant à Pierre, il rentra dans les ordres et c’est lui qui eût la joie de baptiser le premier né de sa sœur et fut le parrain : ANSELME, l’appelait-on, ce qui ravit notre vieil ami.

Il n’y avait plus de brigands, mais des gens honnêtes et si encore quelques-uns hantaient les bois et les cavernes, ce n’était pas le père de Ludovic, redevenu un Citoyen français digne de ce nom, et si heureux d’être grand-père. On lui avait trouvé un emploi dans la grande propriété où travaillait Anselme.

Quelle belle histoire, vous l’ai-je contée avec assez de fidélité. J’espère que l’auteur pardonnera mes lacunes.

C’était au temps des diligences, des ombrelles et des crinolines.

Je n’étais qu’une petite gamine … qui n’avait pas beaucoup de chance.


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Je m'appelle Richard VENET. Je représente Marie Antoinette Venet, ma grand-mère que nous appelions Mamie Chazelles ou bien encore mamie Saphir. Elle est née le 4 avril 1912 à Écully dans le Rhône (69), sous le nom de Safrany. C'est sa tante Pierrette Poncet qui l'éleva dans le village de Virigneux dans la Loire (42).

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